énergétique
Dans les établissements anciens toujours en fonctionnement (écoles, bâtiments administratifs), certains matériaux vieillissants continuent de poser problème. Au-delà des opérations de désamiantage ou des chantiers visibles, une exposition silencieuse concerne en effet encore ceux qui y travaillent ou les fréquentent tous les jours. Le rapport de l’ANSES sur l’air intérieur vient ainsi rappeler que les agents des collectivités ou les professionnels du bâtiment ne sont pas uniquement exposés lors des travaux. Les risques sont présents au quotidien.
Certains matériaux amiantés intégrés dans les constructions avant 1997 sont encore en place dans de nombreux bâtiments. Si la réglementation interdit leur manipulation sans précaution, elle ne prend pas toujours en compte leur dégradation naturelle. Un conduit effrité, un panneau fragilisé ou un local de maintenance mal ventilé peuvent relâcher des fibres dans l’air sans déclencher de procédure particulière. Ce sont pourtant ces lieux techniques, souvent oubliés des repérages, qui concentrent les risques pour les agents d’entretien, les techniciens et le personnel administratif.
Dans certains immeubles anciens, le plomb persiste dans les peintures et enduits. Ces surfaces, en apparence anodines, peuvent se détériorer lentement et libérer des poussières toxiques. Faute de rénovation ou de contrôle récent, des bureaux, couloirs ou réserves deviennent alors des sources de contamination. Le diagnostic plomb reste cependant souvent limité aux logements ou aux cas de mise en vente. Il laisse de côté de nombreux lieux fréquentés par les professionnels.
Les poussières, elles, accumulent les résidus des matériaux en place. Elles se glissent dans les gaines, les grilles d’aération ou les faux plafonds. Une simple intervention (changement d’ampoule, déplacement d’une armoire, nettoyage en hauteur) suffit alors à remettre en circulation des particules polluantes. Ces gestes du quotidien, qui ne sont pas considérés comme des travaux, échappent souvent aux protocoles de sécurité habituels.
Le rapport alerte sur l’écart entre les obligations réglementaires et la réalité des usages. Il ne s’agit plus seulement de vérifier un état à un instant donné, mais de prendre en compte les usages réels du bâtiment, les interventions de maintenance, les accès répétés aux locaux techniques. Les diagnostics doivent donc intégrer ces paramètres pour que la prévention soit enfin adaptée aux risques actuels. Car dans ces environnements clos et anciens, le danger ne vient pas que du marteau-piqueur. Il peut aussi se glisser dans la poussière du quotidien.